Auteur
Xavier Le Clerc est né en 1979 dans la région de Kabylie en Algérie sous l’identité de Hamid Aït-Taleb. Il a fait le choix de franciser son nom et prénom, ce qui lui a permis de trouver un travail et d’accéder à l’ascension sociale après ses études.
Il est l’auteur de Coup de plume 1999-2000, De grâce et Cent vingt francs dans lesquels il évoque la famille, l’identité, la reproduction sociale, l’histoire des ouvriers immigrés.
Dans son dernier roman Un homme sans titre publié en 2022, il parle de la vie de son père arrivé en France depuis la région de Kabylie après la Guerre d’Algérie et de son travail en tant qu’ouvrier dans la Société Métallurgique de Normandie (SMN), des conditions de travail difficiles mais aussi des liens forts et de la solidarité qui y règnent. Il trouve l’inspiration dans l’écriture de ce livre suite à la lecture des articles d’Albert Camus sur la condition difficile des Kabyles lors de son voyage dans la région.
Il parle aussi souvent du rôle qu’a joué la bibliothèque municipale de sa ville d’enfance en Normandie où il passait tout son temps libre. C’est dans ce lieu qu’il découvre la littérature française et Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas qui le fascine.
« La littérature, c’est un antidote au ressentiment. Je ne suis pas un écrivain ambulance. Je ne cours pas après l’actualité. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas d’offrir des réponses idéologiques mais plutôt de creuser pour trouver de bonnes questions et une émotion authentique. »
Infos auteur :
Focus Un homme sans titre (Editions Gallimard, 2022)
« Si tu étais si attaché à ta carte d’ouvrier, c’est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n’auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l’inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n’était hélas que pour t’effacer. Tu as figuré sur l’interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d’autres avant toi à malaxer dans les tranchées. »
En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L’auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d’Algérie en 1962, embauché comme manœuvre à la Société métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l’injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d’identité et d’intégration.